A31bis et Jean-Pierre MASSERET

A31 bis : on n'est pas sorti de l'Auberge !

1. Pour rejoindre le Luxembourg et les emplois qui y sont proposés aux lorrains, il n’existe que deux façons : le rail et la route.

2. Au fil des années, le trajet en voiture de Metz à Luxembourg est devenu périlleux, angoissant, dangereux pour la sécurité des automobilistes et contraignant en terme de temps de transport.

3. Pour le rail, les liaisons ferroviaires TER ont été développées et améliorées en qualité et en temps de transport, quand il n’y a pas d’inconvénients techniques liés à la SNCF. La fréquentation s’est considérablement envolée mais elle reste à améliorer.

4. Le Gouvernement devrait faire connaître ses intentions concernant le projet routier A31 bis dont il est question depuis déjà 20 ans.

5. Quand on prend connaissance des prises de positions des décideurs politiques actuels, on constate que si tous ou presque, veulent l’A31 bis, aucun n’est d’accord avec l’autre.

6. Philippe Richert est en faveur de l’A31 bis et Patrick Weiten, son premier Vice-Président, également. Mais P. Richert est prêt à mettre de l’argent de la Région alors que P. Weiten exclue totalement cette hypothèse. L’un veut mettre de l’argent du Contrat de Plan Etat-Région, ce qui n’est ni prévu, ni souhaitable ; l’autre veut une taxe sur le transit international qui suppose l’accord de l’Europe.

7. Personne ne veut évoquer la gestion du financement par des concessions accordées à des sociétés privées qui appelleraient une contribution des usagers sous forme de péage. Pourtant, sans concession et sans péage, le financement est certainement inaccessible aujourd’hui.

8. Notons que le Président du Conseil Départemental 54 lui, l’écarte absolument sur la partie Meurthe-et-Moselle. Il veut un tracé Toul-Dieulouard non concédé, mais il ne dit pas si le Conseil Départemental paiera la mise en conformité de la voirie départementale. Ce que ne fera ni l’Etat, ni l’Europe et pas davantage la Région qui aurait bien tort de réclamer à l’Etat, la gestion de la voirie nationale encore existante.

9. Sur le tracé de la future A31 bis, personne n’est d’accord. Le projet officiel qui tient la corde depuis l’origine, prévoit :

- Le contournement de l’agglomération Nancéenne par la création d’une voie directe autoroutière Gye-Dieulouard. Ce que ne veut pas le Conseil Départemental, mais ce que souhaite Nancy Métropole.
- La mise à 2 fois 3 voies de la partie Dieulouard-Fey. Sur ce point personne ne discute. Le Président du Conseil Départemental 54 ajoute, cependant, la mise à 2 fois 3 voies la partie Bouxières-Custines.
- Le contournement de Metz par la rocade Est pour rejoindre Hauconcourt. Les habitants et élus du secteur sont opposés à cette solution.
- A Hauconcourt rejoindre l’A31 au Nord de Thionville en contournant l’agglomération en traversant Florange. Ce que ni les habitants, ni les élus du secteur ne veulent. P. Weiten ajoutant la liaison A30-A31.

10. En fait, rien ne sera vraiment réglé si la partie Thionville Nord Luxembourg n’est pas traitée. Car c’est bien ce secteur qui pose des difficultés le matin et le soir aux frontaliers. C’est la partie terrible du voyage quotidien. Cela concerne non seulement la partie Française du parcours mais également la partie Luxembourgeoise. Comment on rentre et on circule à l’entrée et dans la ville de Luxembourg pour aller à son travail ?

11. Imaginons que la 2 fois 3 voies soit réalisée vers Luxembourg à partir de Thionville, imaginons alors que les automobilistes qui empruntent aujourd’hui les voies secondaires, rejoignent l’autoroute ; où sera le gain attendu ? Imaginons que les emplois continuent à se développer au Grand Duché au bénéfice des Lorrains frontaliers, où sera le gain attendu ?

12. Cela pour dire que le dossier du transport vers le Luxembourg et retour ne sera pas vraiment solutionné par la seule A31 bis.

13. D’où le relevé des questions qui restent à considérer :

- Le coût actuel du projet A31 bis ressort à 1 milliard 400 millions d’Euros. C’est l’estimation la plus basse et elle est éloignée de la réalité. Le coût est inaccessible aux finances publiques de l’Etat, de la Région, des Départements et des agglomérations. Sans concession de service public accordée à des sociétés privées, le projet ne sera pas achevé avant 30 ans, au mieux.
- Faut poser alors la question d’une voie supplémentaire ferroviaire, en lien avec les travaux que réalise le Grand Duché sur la gare centrale de Luxembourg et le doublement des voies à partir de Bettembourg.
RFF et la SNCF doivent dire d’abord si techniquement une ou deux voies supplémentaires sont réalisables. Ensuite à quel prix. Nul doute que le coût est élevé, mais ayons à l’esprit que ces deux établissements publics ont le monopole de l’estimation des travaux concernant leurs activités. Ce qui ne facilite ni la transparence, ni la loyauté du dialogue. Il est aisé pour eux de présenter une addition très salée.
Des approches ont été faites sur ce point par l’ancienne Région Lorraine.

14. Si l’amélioration du transport entre la Vallée de la Moselle et le Luxembourg se chiffre à un coût supérieur à 1 milliard 400 millions (c’est plus que possible) sans avoir la certitude que la galère des frontaliers va réellement s’améliorer, et pas avant 2035 ; il faut étudier les deux autres propositions présentée, en son temps, par Patrick Luxembourger, Maire de Terville, et après lui, par Anne Grommerch, Député-Maire de Thionville. A l’époque, le Conseil Régional avait donné un accord de principe pour étudier la proposition Luxembourger. Il devrait en être de même pour l’autre projet.