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PaiX à Florange et l'A31bis

Contre la 2x2 voies coupant Florange en 2 pour relier l'A30 à l'A31

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

Voici le texte que j'ai déposé il y a quelques jours dans l'une des boites aux lettres mises à disposition par la municipalité au sujet de l'A31bis.

"La municipalité ayant fin mars 2016 invité les Florangeois à s’exprimer au sujet du projet de l’A31 bis et de la traversée de Florange, j’adresse cette contribution en tant que citoyen florangeois, mais aussi en tant qu’élu et ancien maire de la ville, qui s’est toujours opposé avec force à ce projet, que nous avions pu repousser à plusieurs reprises.
Au préalable, je tiens à rappeler :
• Que si nous saluons la démarche de la municipalité visant à encourager les Florangeois à s’exprimer, nous regrettons qu’elle soit tardive. Cette mobilisation aurait pourtant été très utile il y a un an, au moment du débat Public.
• Que nous apportons un total soutien au collectif indépendant PAiX Florange, dont la création et les actions ont fortement contribué à une prise de conscience des enjeux pour la ville et ses habitants.
• Que nous avons privilégié une démarche d’union des élus florangeois contre la traversée de Florange, unité qui est indispensable et dont nous n’avions pas toujours bénéficié en d’autres temps. Cela nous a notamment amené à voter la motion présenté au conseil municipal en juin 2015. Pour autant, nous avons toujours pensé que le tracé proposé plus à l’ouest par la municipalité et qui impacterait la ville de Hayange, n’était pas la réponse première et ne faisait que déplacer les nuisances.
• La position prise par le gouvernement en février dernier permet de gagner du temps. Néanmoins, elle ne doit pas nous conduire à nous résigner au principe même de la liaison A30-A31.
• Cette annonce ministérielle comporte le choix inédit et inacceptable de transformer une autoroute gratuite en autoroute payante, au Nord de Thionville. L’instauration de ce péage est la conséquence directe du coût de la liaison A30-A31, proche de 400 millions d’euros et qui ne pourrait être rapidement absorbé par les finances publiques. Combattre le péage est un moyen clé de s’opposer à la liaison A30-A31 et donc à la traversée de Florange. C’est pour cela que j’ai récemment participé à la réunion publique du Sénateur Masson à Zoufftgen.

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

En introduction, quelques rappels.

Une emprise foncière a été réservée et imposée dans les documents d’urbanisme de la Ville de Florange depuis les années 6O, pour un projet de liaison entre les vallées sidérurgiques de l’Orne et de la Fensch : la VR52. Il s’agissait alors d’un projet à vocation locale, jamais poursuivi au-delà de Fameck.
Cela n’a pas empêché l’Etat, qui assurait jusque 2003 l’instruction des autorisations d’urbanisme, de délivrer permis de lotir et de construire aux abords de l’emprise réservée
Cet emplacement avait été réservé pour la prolongation de la VR52, dont l’objectif était le désenclavement de la vallée de l’Orne et la liaison des deux vallées sidérurgiques. Cette VR 52, qui s’arrête aujourd’hui à Fameck, au diffuseur de la Feltière, permettait certes de soulager l’A31, mais avait surtout une fonction locale dans la traversée qui était prévue de Florange, avec la desserte des usines sidérurgiques. Il y a là une différence fondamentale avec les projets de nature autoroutière, où aucune fonction et dessertes locales ne sont prévues.
A partir de la fin des années 90, la vocation que veut donner l’Etat à cette emprise change :
• La traversée de Florange est l’une des variantes du projet d’A32 (débat public de 1999 et rapport de l’ingénieur général Lépingle qui préconise le « tracé est », par Florange, en 2003)
• Avec le projet de contournement ouest de Thionville, étudié par la Direction Générale de l’Equipement en 2005-2006
• Avec le projet de l’A31 bis dont le débat en 2015.

Avec l’urbanisation forte en 50 ans, les nuisances de la traversée seraient considérables, compte tenu du nombre de logements et maisons, et donc d’habitants, dans la proximité immédiate de la traversée. Il en résulte des nuisances évidentes pour la santé publique (bruit, pollution), sans oublier les conséquences sur l’attractivité de la ville (coupure visuelle). Enfin, ce projet ne tient pas compte de l’urgence environnementale, avec le réchauffement climatique (accords de la COP21)

 

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

1. Au sujet de la traversée de Florange

• Nous sommes fermement opposés à la traversée de Florange par une infrastructure autoroutière. En ce qui concerne la traversée dans un milieu urbanisé, comme celui de Florange, elle implique de nombreuses nuisances et obstacles, y compris la traversée des voies ferrées SNCF et de la sidérurgie, qui pourrait impliquer un ouvrage aérien.
• Des tracés alternatifs ont été proposés. Nous ne pensons pas qu’il faille déplacer les nuisances de Thionville vers Florange, ni de Florange vers Hayange. D’autres solutions sont possibles : la dispersion et la régulation des flux, le développement de solutions alternatives, tant pour le transport de voyageurs que de marchandises.

2. L’A31 bis est une mauvaise réponse à un problème réel

• La saturation de l’autoroute A31 dans le sillon mosellan est une réalité aux heures de pointe ou lors des grandes migrations estivales. Il faut toutefois observer que les chiffres avancés lors du débat public de 1999, qui annonçaient une saturation totale entre 2010 et 2015, ne se sont heureusement pas vérifiés, malgré l’augmentation du nombre de travailleurs frontaliers vers le Luxembourg. Cela est notamment la conséquence des efforts considérables qui ont été faits, en matériels et en cadencement, par la Région Lorraine, sous la présidence de Jean-Pierre Masseret, pour le transport ferroviaire transfrontalier et dans le sillon lorrain.
• La situation actuelle résulte de la conjonction des vocations de l’A31 : axe international européen Nord-Sud, vocation transfrontalière vers le Luxembourg et fonctions locales, avec la présence de nombreux échangeurs.
• A cet égard, il faut signaler les nuisances du trafic international de poids lourds de grand transit, qui utilise l’A31 parce que gratuite (pour le moment), mais surtout du fait des disparités de la fiscalité sur les carburants. Ce trafic est minoritaire mais il a des fortes conséquences sur la fluidité de la circulation, sans compter que ce transit a un impact économique limité voir nul pour la région traversée. L’écotaxe aurait été une réponse à cette nuisance et nous regrettons vivement son abandon. Il conviendrait que la grande Région ACAL puisse avoir le droit de la mettre en place, ne serait-ce que pour répondre aux initiatives similaires de l’Allemagne.

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

3. Au-delà de l’opposition de principe à une nouvelle autoroute, ce que nous reprochons au projet actuel et ce que nous préconisons.

• Le projet A31 bis privilégie la solution concédée, donc payante, avec un report inévitable vers les voies secondaires, ce qui est inacceptable. Pour notre ville, ce serait la double peine : la traversée par une nouvelle autoroute pour les poids lourds et le grand transit, le passage par les rues de la ville pour les usagers qui ne voudraient pas du péage ! Ajoutons que la gratuité de l’A31 était une mesure d’aménagement du territoire, décidée au début des années 1970, dans un contexte déjà marqué par les restructurations économiques. La Lorraine n’a pas besoin d’un handicap supplémentaire.
• Des aménagements nécessaires pour l’A30 (mise à deux fois deux voies du tunnel de Knutange, liaison vers Longwy depuis Hayange, prolongation A30 vers le Luxembourg) ne sont pas pris en compte. Or l’A30 permet une liaison vers la Belgique, le désenclavement du bassin de Longwy et s’inscrit dans la perspective du projet luxembourgeois d’Esch-Belval
• La dispersion des flux, qui est essentielle, n’est pas retenue dans le projet. Si, dans une hypothèse absurde, une nouvelle saignée était pratiquée dans un milieu urbanisé, à l’ouest de l’agglomération de Thionville, alors pourquoi ne pas étudier, dans un secteur rural, une prolongation non-autoroutière du contournement de Yutz au-delà de la Moselle, ce qui aurait l’avantage de permettre un nouveau franchissement de la Moselle et de réaliser l’indispensable contournement d’Hettange-Grande ?
• Nous préconisons aussi une régulation des flux et notamment du transit international des poids lourds aux heures de pointe et lors des grandes migrations, qui serait à ces horaires dévié par l’A30, beaucoup moins fréquentée. Cela a déjà été réalisé, il y a une dizaine d’années, lors des travaux de réfection du pont de Richemont sur la Moselle. Cette expérience avait été concluante. Cela suppose naturellement les travaux mentionnés plus haut en ce qui concerne l’A30 et une liaison A30-Esch Belval, conforme à l’ambition de ce grand projet d’aménagement du territoire porté par le Grand-Duché de Luxembourg et la France dans le cadre de l’opération d’intérêt national (OIN). Cela exigerait également la réalisation de parkings de régulation pour les poids lourds et le développement des parkings de covoiturage.
• Il faut privilégier, tant pour le transport des marchandises que pour les voyageurs, les solutions alternatives, et notamment un projet de transport en site propre transfrontalier. De nouvelles infrastructures autoroutières ne devraient être qu’une ultime solution et sont nécessaires dans deux cas bien précis :
o La généralisation de la mise à deux fois trois voies entre Metz et Nancy, avec la réalisation de la section Frouard-Fey.
o La troisième voie au Nord de Thionville. Il est indispensable que cette 3ème voie se prolonge au-delà de la frontière. Conformément aux demandes des autorités luxembourgeoises, cette 3ème voie devrait être affectée prioritairement aux transports collectifs, au covoiturage et aux véhicules propres. Le covoiturage et l’électromobilité doivent bénéficier de moyens supplémentaires, de même qu’un grand projet de TCSP transfrontalier.

Philippe TARILLON s'exprime sur l'A31bis

4. La nécessité d’une approche globale et plus ambitieuse

• Nous regrettons qu’une approche globale et ambitieuse, privilégiant les alternatives au tout routier, n’ait pas été privilégiée, à l’instar du projet MODU du Grand-Duché du Luxembourg. Avec le nouveau cadencement du TER, qui entre en vigueur au printemps 2016, avec les travaux prévus sur le réseau luxembourgeois et la gare de Luxembourg, mais aussi avec les projets de développement de « l’autoroute ferroviaire Bettembourg-Perpignan » et les projets de plateformes fluviales sur la Moselle, les moyens disponibles doivent être mis sur les modes alternatifs, à l’exception de l’élargissement de l’A31 entre Metz et Nancy et au-delà de Thionville, cette dernière solution devant être couplée avec un ambitieux projet de PCSP transfrontalier et d’un développement ambitieux du covoiturage et de l’électromobilité.

• Le dossier a une incontestable dimension européenne, compte tenu de la vocation transeuropéenne de couloir Nord-Sud de l’A31, des modalités de financement du projet et de la nécessité de solutions de régulation à l’échelle transfrontalière et européenne. Il faudrait pouvoir imposer des restrictions à la circulation des poids lourds aux heures de pointe et pour cela prévoir des lieux de stockage.

• Il s’agit d’une solution innovante, qui pourrait être un modèle pour des problèmes similaires dans d’autres régions transfrontalières. Elle a l’avantage de mieux utiliser les infrastructures existantes, en les aménageant, en dispersant et en régulant les flux. Nous demandons que le Parlement européen se saisisse de cette proposition, la fasse étudier et incite la Commission et les Etats concernés à la mettre en œuvre, plutôt que de recourir à une solution du passé, en ajoutant du bitume au bitume.

Pour toutes ces raisons, je préconise qu’au sein du comité de suivi il convient de pas se laisser enfermer dans un débat sur les tracés du contournement ouest de Thionville (COT), et en particulier en opposant Florange et Hayange. Ce serait un piège qui risquerait de déboucher sur une validation ultérieure à la traversée de Florange. Il faut se battre contre le principe même du COT et contre le péage au Nord de Thionville, en réclamant une réouverture des choix, avec une nouvelle stratégie des transports et de la mobilité dans cette région transfrontalière et ce couloir européen, comprenant certains aménagements de l’A31 et de l’A30. C’est un enjeu essentiel, non seulement pour notre ville et notre vallée, mais à une échelle bien plus vaste. Que les élus florangeois sachent s’en saisir et transformer notre légitime opposition à un projet inutile imposé et nuisible en une vision d’avenir ambitieuse. Pour ma part, avec mes amis, je suis disponible pour contribuer à cette action.

Philippe TARILLON
" Ancien Maire de Florange "

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